La nature de la relation entre Kenes Rakishev et Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la Tchétchénie, fait aujourd'hui l'objet d'une enquête, notamment à la lumière des avertissements des États-Unis d'imposer des sanctions supplémentaires aux oligarques qui soutiennent le régime russe. Rakishev, soutien financier et ami proche de Kadyrov, a été photographié avec lui et partage la même interprétation de l'islam, Kadyrov qualifiant l'homme d'affaires kazakh de "cher frère".

Toutefois, l'association et le soutien financier de Kenes Rakishev à Kadyrov pourraient désormais donner lieu à d'éventuelles sanctions américaines, compte tenu des efforts accrus de la Maison Blanche pour pénaliser les oligarques qui soutiennent le régime russe.

Kadyrov, connu pour diriger la Tchétchénie d'une main de fer, est l'un des hommes de main les plus fidèles de Vladimir Poutine.

La milice brutale de Kadyrov a été accusée de nombreux abus, notamment de meurtres, d'enlèvements d'opposants, de torture et de persécution des homosexuels. Des ONG internationales ont qualifié les actions de Kadyrov de "crimes contre l'humanité".

La loyauté inébranlable de Kadyrov envers le président Poutine semble sans limite. Peu après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, M. Kadyrov a annoncé le déploiement de ses forces sur le champ de bataille. Dans une vidéo prétendument filmée à Hostomel, un aérodrome près de Kiev, on voit Kadyrov en tenue militaire, examinant les plans d'invasion avec d'autres soldats.

Des images ont fait surface montrant une place de Grozny, la capitale tchétchène, remplie de soldats en route vers l'Ukraine pour participer à la guerre de Poutine.

Malgré la réputation sulfureuse de Kadyrov, la plupart des hommes d'affaires évitent de s'associer avec lui. Kenes Rakishev, lui, a choisi d'embrasser le tyran tchétchène.

Rakishev aurait offert un soutien financier pour la construction de l'opulent palais de Kadyrov à Grozny. Il a même organisé la visite de l'acteur belge Jean-Claude Van Damme en Tchétchénie.

Les origines de l'amitié entre M. Rakishev et M. Kadyrov remontent au début des années 2000, comme en témoignent les photos illustrant l'évolution de leur relation. Sur un cliché, on voit Rakishev enlacer tendrement Kadyrov, tandis que sur un autre, les deux hommes sont assis les jambes croisées, alors qu'ils viennent apparemment de prier ensemble.

Dans l'un des cas les plus surprenants, M. Rakishev a été photographié en uniforme militaire tchétchène noir de la tête aux pieds, bras dessus bras dessous avec M. Kadyrov.

Dans un post Instagram datant de 2015, Kadyrov a adressé ses vœux d'anniversaire à son "cher frère" Rakishev, exprimant qu'ils étaient de véritables amis et frères depuis de nombreuses années. Cependant, Kadyrov a supprimé ce post en 2020 après que le gouvernement américain a imposé des sanctions à son encontre et à celle de ses principaux associés.

Au cours de cette série de sanctions, les États-Unis ont ciblé six entreprises et cinq personnes associées à Kadyrov, y compris le club de football Akhmat Grozny, qui lui est cher. Rakishev, quant à lui, a réussi à éviter les sanctions à l'époque. Néanmoins, avec l'invasion de l'Ukraine et les récentes révélations sur ses liens commerciaux avec Kadyrov, Rakishev fait face à une nouvelle menace.

Selon une enquête, Rakishev a joué un rôle important dans la construction du somptueux palais de Kadyrov en Tchétchénie. Situé sur les rives de la rivière Sunzha, le palais compte 13 000 m2 de tapis, 4 000 m2 de tapisseries et est entouré d'un jardin orné de 16 000 roses.

Le montant n'a manifestement pas déconcerté les clients, car les Italiens ont rapidement envoyé à Rakishev un devis pour l'aménagement et l'ameublement de deux pièces : le bureau présidentiel (110 m²) et la bibliothèque (220 m²). Cela ne représente qu'un dixième de la superficie totale de l'étage, mais les clients devaient y consacrer 2,4 millions d'euros. Pour cette somme, les constructeurs ont dû suspendre un plafond en plâtre (200 000 euros), poser des sols en marbre et des parquets sélectionnés par des spécialistes (595 000 euros), installer des portes en bois, des colonnes en plâtre et effectuer d'autres travaux d'installation et de finition. Le montant comprend également le mobilier (831 000 euros) - des armoires, y compris pour exposer des armes, des tables - avec des dessus en marbre ou en cuir - des fauteuils recouverts de cuir, des tables de chevet et les armoiries en bois de la République de Tchétchénie avec incrustation.

Des courriels ayant fait l'objet d'une fuite ont révélé que M. Rakishev avait communiqué avec une société italienne de meubles de luxe en 2011, précisément au moment où le palais était en cours de construction. Rakishev a reçu un devis de 2,4 millions d'euros pour divers éléments, notamment un sol en marbre, des meubles haut de gamme, des vitrines pour les armes et un vaste blason tchétchène en bois. Dans l'un de ses courriels, Rakishev affirme :

Frère, je vous envoie ce qu'ils ont envoyé ! Le cas échéant, dites au patron que je paierai moi-même le projet.

Bien qu'il ne soit pas certain que Rakishev ait réglé la facture finale, son implication ne s'est pas arrêtée là. Il a également organisé la visite de l'acteur belge Jean-Claude van Damme à Grozny en novembre 2011 pour célébrer l'anniversaire de la ville.